La stratégie d’Al-Assad et ses possibles conséquences
Depuis le début de la guerre civile syrienne, la face de l’opposition au régime d’Al-Assad a bien changé. Volontiers trop molle au début, elle s’est désormais radicalisée, en partie en raison de choix politiques du président syrien. Choix qui pourraient néanmoins se retourner, à terme, contre lui.
En relâchant des centaines de prisonniers durant les trois dernières années, Bachar Al-Assad a rendu majoritaire une opposition violente, loin de tout idéal démocratique, représentée par l’Etat islamique en Irak et au Levant, connu sous le nom d’EIIL. Cette bestialité de l’opposition a servi Al-Assad dans son embryon de dialogue avec l’Occident, mais lui a surtout permis d’utiliser l’argument de la terreur afin de renforcer son pouvoir sur une opinion pourtant très au fait de la brutalité de son Président. Résultat, aujourd’hui, avec le renforcement de l’EIIL, le front gouvernemental accroît son nombre de membres, faisant du mois de juillet l’un des plus meurtriers depuis le début du conflit en 2011.
Néanmoins, par cette tactique plus ou moins avouée, le président syrien prend un risque. Certes, il a vraisemblablement écarté toute possibilité d’incursion occidentale, risque pourtant extrêmement élevé il y a tout juste un an. Néanmoins, avec l’accroissement des forces de l’EIIL en Syrie et avec les développements en Irak voisin, obligeant les chiites irakiens venus soutenir Al-Assad en nombre à rentrer au pays, le risque de déstabilisation est très important. Au fur et à mesure des gains territoriaux et humains enregistrés par cette opposition bestiale, la reconquête du clan Assad sera de plus en plus difficile.
Un jeu à trois hautement explosif
Le prochain objectif d’AL-Assad est clair : reconquérir Alep, la deuxième ville du pays, pour pouvoir déclamer que les principales poches de résistance ne se situent que dans certains campagnes, bien loin du triangle du pouvoir syrien, compos de Damas, Alep et Homs. Le deuxième acteur, l’opposition dite « occidentalisée » (car fortement soutenue par l’Occident et les pays du Golfe), attend désespérément un soutien logistique, qui pourrait s’accroître au fur et à mesure des victoires de l’EIIL. Car désormais le danger est réel : au vu de la victoire facile de l’EIIL sur la majorité de l’Irak, des gains substantiels dans une Syrie toujours plus désunie après trois ans de guerre sont fort probables.
Face à cette situation, quelques questions demeurent. Y’aura-t-il des switchs massifs d’opposants historiques au profit de l’EIIL, dans le seul but d’abattre Al-Assad ? Quel rôle joueront les Kurdes, haïs par l’EIIL et qui pourraient bien être soutenus prochainement par un Erdogan nouvellement élu et voulant pacifier la région ? Alors que la guerre civile syrienne entre dans une énième phase, une certitude se maintient : l’arrêt des hostilités est une hypothèse loin d’être d’actualité.